- Apr 2, 2025
Biofeedback et neurofeedback : des alliés puissants contre la dépression
- Brendan Parsons, Ph.D., BCN
- Neurosciences, Neurofeedback, Dépression
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Pour des millions de personnes, la dépression reste un fléau que les traitements traditionnels n’arrivent pas toujours à apaiser. Le biofeedback et le neurofeedback offrent des approches nouvelles et captivantes d’autorégulation, aidant les individus à contrôler certaines activités physiologiques et neuronales. En fournissant un retour en temps réel sur l’activité cérébrale, le neurofeedback permet aux utilisateurs de réguler des régions spécifiques impliquées dans le traitement émotionnel et cognitif. Les deux principales techniques de neurofeedback dans le traitement de la dépression - neurofeedback IRMf et neurofeedback ÉEG - ont démontré des résultats positifs au sein de différents réseaux cérébraux.
Une revue récente de 16 études fMRI a montré que le neurofeedback fMRI peut modifier la connectivité au sein des circuits neuronaux liés à l’humeur, influençant des régions telles que le réseau du mode par défaut (DMN), l’amygdale et le cortex préfrontal. De plus, une méta-analyse de 2022 sur le neurofeedback ÉEG et le biofeedback de la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) dans la dépression a souligné des résultats positifs, indiquant que ces méthodes sont efficaces pour les troubles dépressifs majeurs (MDD). Ensemble, ces découvertes révèlent le potentiel du biofeedback et du neurofeedback pour compléter les thérapies traditionnelles en s’attaquant aux déséquilibres physiologiques et neuronaux de la dépression.
Méthodes
Neurofeedback IRMf : entrainer les réseaux neuronaux
Le neurofeedback par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) permet aux participants d’influencer en temps réel des régions cérébrales spécifiques, telles que l’amygdale et le cortex préfrontal ventrolatéral. Pendant les séances, les individus peuvent visualiser des images émotionnellement stimulantes ou engager des tâches de réflexion personnelle tout en surveillant ces régions du cerveau, pratiquant des techniques de contrôle mental pour influencer leur activité. En règle générale, le neurofeedback fMRI vise à aider les individus à développer une maîtrise de soi qui peut potentiellement réduire les symptômes dépressifs en rééquilibrant les réseaux neuronaux émotionnels et cognitifs.
Neurofeedback ÉEG : moduler les ondes cérébrales pour l’équilibre émotionnel
L’électroencéphalographie (ÉEG) est une autre forme de neurofeedback qui aide les individus à ajuster certains schémas d’ondes cérébrales. La dépression est souvent marquée par une asymétrie des ondes alpha dans le cortex préfrontal gauche, une région cruciale pour la régulation de l’humeur et des émotions. Le neurofeedback ÉEG permet aux utilisateurs de modifier ces ondes cérébrales en leur fournissant un retour en temps réel sur leur activité cérébrale, les aidant à rééquilibrer les réponses neuronales du cerveau. Des études ont montré que le neurofeedback ÉEG est particulièrement efficace pour réduire les symptômes de la dépression en ciblant ces schémas d’ondes spécifiques.
Biofeedback : entrainement de la variabilité de la fréquence cardiaque
En complément du neurofeedback, des techniques de biofeedback telles que le biofeedback VFC permettent de gérer les symptômes physiques de la dépression en régulant le système nerveux autonome. Le biofeedback VFC apprend aux individus à contrôler leur rythme cardiaque, favorisant la résilience au stress par des exercices de respiration et de relaxation. Cette approche physiologique peut être facilement intégrée dans des routines thérapeutiques, offrant aux individus des outils pour faire face aux perturbations de l’humeur et au stress quotidien.
Résultats
L’impact du neurofeedback IRMf sur les réseaux cérébraux
De nombreuses études fMRI ont montré que l’entraînement des participants à réguler l’activité de l’amygdale permet de réduire son hyperactivité, une caractéristique fréquente chez les patients dépressifs. De plus, le neurofeedback fMRI a permis de rééquilibrer des réseaux entiers, notamment en réduisant l’hyperactivité du DMN et en recalibrant sa connectivité avec le réseau de contrôle exécutif. Ces résultats indiquent que le neurofeedback fMRI peut potentiellement améliorer la flexibilité cognitive, réduisant ainsi les schémas de pensée ruminants et dépressifs.
Les effets positifs du neurofeedback EEG et du biofeedback
La méta-analyse du neurofeedback ÉEG et du biofeedback VFC a révélé des réductions significatives des symptômes de la dépression. Le neurofeedback ÉEG, en particulier, a montré un potentiel pour altérer l’asymétrie des ondes cérébrales, favoriser la relaxation et améliorer le contrôle émotionnel. Le biofeedback VFC a également contribué à la régulation de l’humeur en permettant aux individus de gérer leurs réponses physiologiques au stress, démontrant l’avantage de combiner le neurofeedback et le biofeedback pour un traitement plus holistique.
La perspective de Brendan
À mesure que la recherche progresse, les approches de neurofeedback révèlent l’importance de personnaliser les traitements contre la dépression. Bien que prometteuses, les recherches récentes de Tozzi, L., et al. (2024) mettent en évidence les défis uniques de la création d’un protocole standardisé. Le neurofeedback doit prendre en compte les profils neuronaux et physiologiques spécifiques de chaque individu. Une récente étude identifiant six biotypes de dépression fournit un cadre convaincant, montrant que chaque sous-type présente des caractéristiques neuronales et comportementales distinctes. Par exemple, un biotype est associé à une hyperactivité des réseaux du mode par défaut et de la saillance, tandis qu’un autre présente des déficits spécifiques dans le contrôle cognitif.
La diversité de ces biotypes souligne pourquoi la standardisation des protocoles en neurofeedback est une tâche si complexe. Le neurofeedback vise à cibler et à réguler des circuits cérébraux spécifiques, mais si chaque individu présente un dysfonctionnement circuitaire différent, une approche unique pourrait échouer. Un neurofeedback ciblant l’amygdale pourrait convenir aux personnes ayant une hyperactivité des circuits émotionnels, tandis qu’une autre pourrait nécessiter un entrainement ÉEG focalisé sur l’amélioration des ondes alpha dans le cortex préfrontal pour corriger les déficits de régulation émotionnelle.
Bien que difficile à standardiser, un neurofeedback personnalisé pourrait finalement permettre aux praticiens d’adapter les interventions pour mieux correspondre au profil unique de chaque patient. Avec l’essor de la psychiatrie de précision, les protocoles de neurofeedback pourraient un jour être adaptés en fonction du biotype de chaque personne, optimisant ainsi les bénéfices tout en réduisant les frustrations associées aux essais successifs de stratégies de neurofeedback.
Conclusion
Les techniques de neurofeedback fMRI et ÉEG promettent de remodeler le traitement de la dépression en s’attaquant directement à ses bases neuronales. Bien que des protocoles de neurofeedback standardisés soient encore loin d’être établis, les recherches émergentes sur les biotypes de la dépression encouragent l’optimisme pour un avenir où les traitements sont personnalisés, maximisant les bienfaits et minimisant les frustrations. Les techniques de biofeedback et de neurofeedback offrent des outils puissants pour l’autorégulation et la résilience, favorisant une approche plus adaptée à la santé mentale et au bien-être.
Références
Barreiros, A. R., et al. (2024). fMRI neurofeedback for the modulation of neural networks associated with depression. Clinical Neurophysiology, 168, 34-42.
Fernández-Alvarez, J., et al. (2022). Efficacy of bio- and neurofeedback for depression: A meta-analysis. Psychological Medicine, 52, 201-216.
Tozzi, L., et al. (2024). Personalized brain circuit scores identify clinically distinct biotypes in depression and anxiety. Nature Medicine, 30, 2076–2087.
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