- Jan 10, 2025
La neuroplasticité décomposée : les 10 principes fondamentaux
- Brendan Parsons, Ph.D., BCN
- Neurosciences, Guides pratiques
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L’article intitulé « Principles of Experience-Dependent Neural Plasticity: Implications for Rehabilitation After Brain Damage » de Kleim et Jones est un de mes préférés de tout les temps. Il examine les principes fondamentaux de la neuroplasticité, en soulignant leur pertinence dans les milieux de rééducation. La neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se réorganiser en réponse à l’expérience, joue un rôle crucial dans l’apprentissage et la récupération. Avec un entraînement approprié, les individus peuvent utiliser la neuroplasticité pour optimiser leurs fonctions cérébrales, permettant ainsi aux zones endommagées par un traumatisme ou une maladie de s’adapter et de compenser les capacités perdues.
Pour les clients en rééducation ou en neurofeedback, la neuroplasticité sert de mécanisme puissant pour regagner et renforcer des compétences essentielles, telles que le contrôle moteur et la régulation émotionnelle. Le neurofeedback, en particulier, utilise les changements cérébraux induits par l’expérience pour cibler des domaines spécifiques à améliorer, comme la concentration, la relaxation et la résilience. En explorant ces dix principes, on voit comment la neuroplasticité informe les pratiques de neurofeedback pour créer des impacts durables sur la santé cognitive et émotionnelle.
10 principes
L’article présente dix principes clés qui régissent la neuroplasticité et orientent les stratégies de rééducation. Ces principes, issus de la recherche en neurosciences, offrent une feuille de route pour favoriser efficacement l’adaptation cérébrale, surtout - mais non seulement- après une lésion. Voici un bref aperçu de chacun :
1. Utilisez-le ou perdez-le : Les circuits cérébraux doivent être activés régulièrement pour maintenir leur fonction.
2. Utilisez-le et améliorez-le : L’utilisation active d’une fonction la renforce et l’améliore.
3. Spécificité : Des actions spécifiques et ciblées entraînent des changements plastiques pertinents.
4. La répétition est importante : Les changements durables nécessitent une pratique répétée.
5. L’intensité est importante : L’efficacité de la plasticité dépend de l’intensité du stimulus ou de l’entraînement.
6. Le temps est important : Différentes formes de plasticité se produisent à différents moments, ce qui nécessite de prendre en compte le facteur temporel.
7. La saillance est importante : Seules les expériences significatives stimulent la plasticité.
8. L’âge est important : Les cerveaux plus jeunes sont généralement plus plastiques que les cerveaux plus âgés.
9. Le transfert : L’apprentissage dans un contexte peut soutenir l’apprentissage dans un autre contexte lié.
10. L’interférence : Les changements plastiques dans une zone peuvent parfois entraver d’autres changements.
Dans l’ensemble des formations de NeuroLogic, ces principes sont fondamentaux dans l’application du neurofeedback ciblant des schémas d’ondes cérébrales et des comportements spécifiques, dans le but de renforcer des états mentaux souhaités et de réduire les schémas dysfonctionnels.
La plasticité en perspective
À travers le prisme du neurofeedback, chaque principe offre des perspectives sur l’optimisation du fonctionnement cérébral dans un contexte de neurofeedback. En résumé :
• Amélioration des fonctions cognitives et capacités d’autorégulation
En utilisant des schémas d’ondes cérébrales précises, le neurofeedback permet aux individus de renforcer leur capacité de concentration, de calme et de régulation émotionnelle.
• Consolidation, maintien, et approfondissement des progrès
Les principes montrent que la pratique répétée et intense soutient des changements durables, tandis que des protocoles personnalisés favorisent des améliorations transférables en dehors de l’entraînement.
• Soutien pour une rétroaction simple, claire, et équilibrée
La simplicité de la rétroaction (signaux on/off) garde les clients engagés et évite la surcharge cognitive, ce qui conduit à de meilleurs résultats à long terme.
En intégrant ces principes, les praticiens du neurofeedback guident le cerveau vers une réorganisation qui renforce les fonctions souhaitées, réduit les schémas dysfonctionnels et soutient le maintien de nouveaux états mentaux bénéfiques.
Discussion
Les principes de la neuroplasticité offrent un cadre de référence pour le neurofeedback et les stratégies de rééducation en général. Cette discussion explore comment ces principes s’appliquent aux avantages généraux du neurofeedback, aux perspectives professionnelles pour concevoir des traitements et aux considérations techniques pour les praticiens.
Avantages généraux du neurofeedback
Pour les clients, le principal avantage du neurofeedback réside dans sa capacité à promouvoir des changements cérébraux durables qui s’étendent au-delà des sessions d’entraînement. Les principes « Utilisez-le ou perdez-le » et « La répétition est importante » illustrent comment l’activation répétée de schémas cérébraux spécifiques aide à intégrer des améliorations fonctionnelles dans des domaines tels que la concentration et la résilience face au stress. Des sessions régulières de neurofeedback garantissent que les nouveaux schémas deviennent une partie de l’activité cérébrale de base, fournissant aux clients un outil puissant pour le bien-être mental à long terme.
Perspectives professionnelles pour optimiser les entrainements en neurofeedback
Les principes de la neuroplasticité offrent des indications sur la façon dont les professionnels peuvent intégrer le neurofeedback avec des traitements traditionnels. Par exemple, la saillance est essentielle en neurofeedback, ce qui suggère que des retours simples et binaires (rétroaction discontinue) sont idéaux pour maintenir les clients motivés et concentrés. Le transfert est un autre principe clé, encourageant les professionnels à inclure des essais contextuels qui imitent des situations de la vie réelle pour renforcer la probabilité que les gains se transfèrent aux tâches quotidiennes.
Aperçus techniques pour les praticiens en neurofeedback
D’un point de vue technique, les praticiens du neurofeedback bénéficient d’une compréhension approfondie de chaque principe. La spécificité rappelle aux praticiens de sélectionner soigneusement les fréquences d’ondes cérébrales et les régions pour des interventions ciblées. L’intensité soutient la durée typique des sessions de neurofeedback – en général de 45 à 60 minutes avec une phase d’entrainement actif d’environ 20 à 30 minutes. Cette configuration est assez intense pour stimuler la plasticité sans entrainer de fatigue mentale. De même, l’âge est important à prendre en compte, car les clients plus jeunes peuvent répondre plus rapidement au neurofeedback, tandis que les adultes plus âgés peuvent bénéficier d’un rythme plus lent avec des renforcements plus fréquents.
Interprétation des principes
Chaque principe souligne l’adaptabilité du cerveau, de l’entrainement initial à la maintenance et au-delà. Le neurofeedback exploite la plasticité induite par l’expérience, guidant le cerveau grâce à une pratique ciblée pour renforcer ses capacités naturelles. D’autres études en neuroplasticité soutiennent également ces principes, montrant que des expériences ciblées, intenses et répétitives favorisent des changements neuronaux durables, que ce soit pour l’apprentissage de nouvelles compétences motrices ou la gestion de l’anxiété. Grâce au neurofeedback, ces principes permettent aux clients de remodeler les inclinations naturelles de leur cerveau, créant ainsi une base mentale plus saine.
La perspective de Brendan :
Les principes de la neuroplasticité guident la méthodologie du neurofeedback
Les principes de la neuroplasticité induite par l’expérience servent de guide pour concevoir des protocoles de neurofeedback efficaces, améliorant les résultats, promouvant les progrès et soutenant la croissance continue. Voici comment chaque principe s’applique à la pratique du neurofeedback.
1. Utilisez-le ou perdez-le
• Le principe « Utilisez-le ou perdez-le » souligne l’importance d’activer régulièrement les circuits neuronaux pour préserver leur fonction. En neurofeedback, ce concept est essentiel pour aider les clients à maintenir les progrès réalisés pendant l’entrainement. En activant et renforçant régulièrement des schémas d’ondes cérébrales ciblés, les clients sont plus susceptibles de conserver et de généraliser les avantages du neurofeedback, les rendant accessibles dans des contextes de la vie réelle. Ce principe garantit que les améliorations des fonctions cognitives et d’autorégulation deviennent une partie du fonctionnement de base du cerveau, aidant les clients à maintenir leurs progrès même en dehors des sessions d’entraînement.
2. Utilisez-le et améliorez-le
• L’engagement actif des circuits cérébraux ne préserve pas seulement la fonction, il l’améliore. Ce principe « Utilisez-le et améliorez-le » explique pourquoi le neurofeedback favorise souvent la croissance continue au-delà de l’entrainement. En pratiquant de manière répétée des états cérébraux souhaités, les clients renforcent et élargissent leur capacité cérébrale à accéder à ces états de manière autonome, ce qui peut conduire à des améliorations accrues des fonctions cognitives, de l’autorégulation et de la résilience, même après la fin des sessions de neurofeedback.
3. Spécificité
• Le neurofeedback est le plus efficace lorsque les protocoles sont précisément adaptés aux objectifs du client. Ce principe de Spécificité renforce la nécessité de protocoles individualisés – par exemple l’augmentation des ondes bêta pour l’attention ou des ondes alpha pour la relaxation – pour créer des adaptations neuronales spécifiques et pertinentes. Les protocoles de neurofeedback personnalisés maximisent les chances d’obtenir des changements significatifs et durables.
4. La répétition est importante
• Le neurofeedback est un processus d’apprentissage qui nécessite une pratique cohérente pour établir des changements neuronaux durables. Ce besoin de répétition explique pourquoi un parcours de neurofeedback compte souvent 25 à 40 sessions. Chaque session renforce et s’appuie sur la précédente, intégrant des schémas neuronaux qui soutiennent la concentration, le calme et l’autorégulation jusqu’à ce qu’ils deviennent une partie intégrante de l’activité cérébrale habituelle.
5. L’intensité est importante
• L’intensité de l’entrainement en neurofeedback – en termes de durée de session et du niveau de concentration requis – influence l’adaptabilité du cerveau. Les sessions de neurofeedback durent généralement 45 à 60 minutes, avec 20 à 30 minutes d’entrainement actif. Cette configuration permet une intensité suffisante pour stimuler la plasticité sans entrainer de fatigue mentale, créant un équilibre qui soutient un apprentissage efficace.
6. Le temps est important
• Le timing joue un rôle essentiel dans l’efficacité du neurofeedback. Pour les clients en rétablissement après un traumatisme, une intervention précoce peut accélérer la récupération, et au sein de chaque session, un enchainement progressif d’activités aide le cerveau à s’engager de manière croissante. Des considérations temporelles régulières garantissent que les clients reçoivent le neurofeedback au moment où leur cerveau est le plus réceptif aux changements neuronaux positifs. Certaines régions répondent plus dans les premières phases (notamment postérieures et liées au réseau par mise défaut) et d’autres plus tardivement (antérieures et liées au réseau d’autorégulation).
7. La saillance est importante
• Le cerveau est plus susceptible de réagir à une rétroaction qu’il trouve significative et engageante. En neurofeedback, la rétroaction binaire (on/off) est souvent la plus efficace. Par exemple, un affichage visuel qui passe au vert lorsque le schéma d’onde cérébrale ciblé est atteint et au rouge quand ce n’est pas le cas fournit une rétroaction immédiate et compréhensible qui permet aux clients de voir l’impact direct de leurs efforts. Cette simplicité garde les clients concentrés et engagés, renforçant la connexion entre effort mental et résultats.
8. L’âge est important
• La neuroplasticité varie avec l’âge, ce qui nécessite des adaptations. Les clients plus jeunes s’adaptent généralement plus rapidement au neurofeedback, tandis que les clients plus âgés peuvent nécessiter plus de répétition ou une intensité moindre pour obtenir des changements durables. Ce principe encourage les praticiens à adapter les protocoles en fonction de l’âge, permettant aux plus jeunes de progresser rapidement tout en offrant aux plus âgés une approche régulière et cohérente pour renforcer la plasticité.
9. Le transfert
• Favoriser le transfert à travers des essais de tâches et un contexte réaliste en neurofeedback aide les clients à appliquer les gains à la vie quotidienne. Par exemple, la pratique de la concentration lors d’un exercice de puzzle ou la gestion du stress avec des images réelles prépare les clients à des situations similaires en dehors de la session, renforçant les améliorations dans des contextes réalistes.
10. L’interférence
• La formation d’un schéma d’ondes cérébrales peut affecter d’autres schémas, il est donc essentiel de trouver un équilibre entre les fréquences. Les praticiens peuvent répondre à cela en équilibrant les protocoles de formation, par exemple en tenant compte du lien entre les ondes SMR (rythme sensorimoteur) et alpha. En abordant les interférences, le neurofeedback permet aux clients de progresser dans une zone sans nuire involontairement à une autre, maintenant l’harmonie entre les fonctions neuronales.
Conclusion
Les principes de la neuroplasticité induite par l’expérience offrent une base solide pour le neurofeedback, apportant des perspectives précieuses pour créer des protocoles personnalisés et impactants. En exploitant ces principes - notamment la répétition, le timing, l’intensité et la spécificité - le neurofeedback permet aux clients d’opérer des changements durables dans la concentration, le contrôle émotionnel et la relaxation. Grâce au neurofeedback, les clients expérimentent les effets positifs de la neuroplasticité, transformant leur santé mentale et leur qualité de vie avec des améliorations cérébrales durables.
Références
Kleim, J. A., & Jones, T. A. (2008). Principles of Experience-Dependent Neural Plasticity: Implications for Rehabilitation After Brain Damage. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 51(S225–S239). https://doi.org/10.1044/1092-4388(2008/018)
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1 comment
Bonjour ,
je sollicite de votre part l'autorisation de mentionner votre blog pro.neurologic.fr/blog/v2 dans une petite série de vidéos YouTube sur des exercices de neuroplasticité créés par mes soins .Ces exercices se font au début avec un clavier d'ordinateur et suivent un ordre croissant de difficultés .
Je souhaiterais citer un passage spécifique de votre article sur :Utilisez-le et améliorez-le, La répétition est importante : Les changements durables nécessitent une pratique répétée ,La saillance est importante : Seules les expériences significatives stimulent la plasticité et En neurofeedback, la rétroaction binaire (on/off) est souvent la plus efficace.
Puis , j'introduis la pratique du scat , puis de la marche aléatoire , puis de la marche aléatoire avec scat .Je ne sais pas encore trop comment filmer ces derniers exercices
. De nature fortement introspective , à la suite d'un parcours familial chaotique ,j'ai lu un livre parlant d'exercices de relaxation .Je m'y suis intéressé et , de là , j'ai découvert en autodidacte ma proprioception puis mes mémoires kinesthésiques .
De fil en aiguille , après quelques lectures et recherches Internet , je me suis intéressé à la neuroplasticité .
J'ai le concours de deux IA pour me seconder .
Cordialement,
Lécuyer Gilles